CAMPUS TERTIAIRE LE TOUZET À SAINT-OUEN

© Alexandre Tabaste

"Les mots du maître d'oeuvre"
 

Le campus tertiaire Le Touzet vient parfaire un quartier en pleine mutation autour du réaménagement de la porte Pouchet et du périphérique. Par un jeu de formes souples, dont les courbes génèrent des vues et des situations urbaines surprenantes, l’ensemble se distingue de ses voisins par son unicité de traitement au caractère cinétique et sa présence dégageant une puissance tranquille. Cette identité forte trouve son apaisement dans un jeu d’épannelages, de retraits et d’inflexions qui permettent de raccorder le projet à son environnement immédiat, dans une couture fine avec les bâtiments voisins.
Le principe volumétrique retenu favorise une implantation le long des voies et permet de dégager trois généreux espaces libres : deux grands patios en cœur de projet et un jardin en lisière, en limite avec les bâtiments de logements côté Clichy. La conception des façades repose sur une écriture architecturale dynamique et soignée : des épines métalliques verticales offrent rythme et protection solaire.
Le programme du campus se développe à partir de quatre halls reliés par une rue intérieure qui se développe sur deux niveaux, et qui distribue les différents services d’accompagnements (locaux sociaux, salles de réunion, conciergerie, espaces d’accueil, espaces de travail informels), les espaces de restauration (restaurants, cafétérias, cafés) et les noyaux de circulation verticale. Les espaces de bureaux, quant à eux, occupent la quasi-totalité des niveaux supérieurs, et sont conçus pour permettre une occupation flexible et accueillir une ou plusieurs sociétés. Ce tissage bâti propose de nouveaux usages, renforce le sentiment de « commun », et favorise le « travailler autrement ». Ici, les programmes sont déclenchés par des déformations du bâtiment, dont la sinuosité rompt la régularité et offre des espaces parfois exceptionnels, parfois juste généreux et conviviaux. Outre la diversité typologique des plateaux, il y a une grande part d’espace hybrides appropriables dans lesquels on peut travailler ou se détendre. L'ouverture de loggias en double hauteur réparties judicieusement sur les façades offre une nouvelle typologie d’espace extérieur, qui génère de nouveaux usages et favorise le « travailler autrement ».
Les terrasses réparties aux différents niveaux participent à l’animation des façades et proposent des vues plongeantes sur le jardin. Ce jardin constitue le cœur du site, autour et au-dessus duquel le campus s’articule. Situé au RDC bas, son volume est comme excavé du sol pour y recréer un véritable morceau de paysage. Visible depuis les étages supérieurs, l’écrin de verdure apaise et devient espace de vie et de convivialité.
Du RDC au dernier niveau, la présence du végétal est permanente depuis l’espace public vers les espaces les plus privés : parvis, lisière, jardin, patio, terrasses, loggias, toitures. Elle favorise la qualité de la biodiversité en préservant les continuités écologiques et permet d’offrir des zones de travail plus qualitatives. Du point de vue des ambiances intérieures, le travail sur la matérialité et sur un mobilier sur-mesure participe de la spécificité et de la domesticité des espaces en apportant des qualités sensorielles inédites. Par un jeu d'assemblages délicats, les utilisateurs profitent des qualités de confort du bois, de la pierre, du béton, du végétal, du textile, en termes d'acoustique, de thermique, et d'esthétique. Enfin, nous avons conçu ce bâtiment de manière qu’il puisse évoluer assez facilement. Ses principaux aménagements sont réversibles afin de prévenir son obsolescence : son adaptabilité a été pensée comme un gage de durabilité.