GENRES D’ESPACE : FILLES ET GARÇONS EN COUR DE RÉCRÉATION

ATELIER

« Genres d'espace » récit d’un travail en cours mené avec une classe du collège Jean-Jaurès à Pantin sur la mixité des espaces publics, dans le cadre des Parcours de découverte urbaine, portés par le Conseil départemental de Seine-Saint-Denis et le CAUE 93.

© CAUE 93

C’est toujours un peu la même histoire : les garçons ont dit « on n’empêche pas les filles d’occuper l’espace de la cour avec nous, mais c’est juste qu’elles n’aiment pas jouer au foot ».  

Encadrée partiellement par les masses bâties du collège Jean-Jaurès de faible hauteur organisé en peigne, la cour du collège Jean-Jaurès s’ouvre à l’Est vers la Rue Barbara. Le collège, partie de l’ancien groupe scolaire dont la réalisation accompagnait celle du grand-ensemble des Courtillières à la fin des années 50, a reçu depuis sa création en 1971, des modifications, extensions et rénovations successives.

Depuis le début du mois de novembre, un dispositif pédagogique est mené avec une classe de 3e, classe qui regroupe une vingtaine d’élèves, composée de façon équilibrée de filles et de garçons. Le travail porte sur l’analyse de l’occupation de deux espaces, celui de la cour de récréation du collège d’une part, et d’autre part celui du parc des Courtillières. Ce parc de quatre hectares, encadré par le Serpentin du Grand Ensemble réalisé par Emile Aillaud, a récemment été l’objet d’un réaménagement lui donnant une vocation davantage publique.

La première étape de l’atelier pédagogique consiste à se représenter l’espace étudié, en y reportant les espaces identifiés comme fréquentés et infréquentés et d’en expliquer les raisons, de préciser les émotions qui s’y rattachent : travail effectué d’abord librement puis en s’appuyant sur des photos aériennes et des questionnaires. Ces questionnaires, imaginés avec l’enseignant et la professeure relais permettent d’étayer les commentaires rapportés, le détail des usages et la rédaction des légendes.

L’atelier pédagogique aboutira à une restitution prenant la forme d’un folio factice dont la 4e de couverture offrira sous la forme d’un dialogue mixte, un échange au sujet de l’espace qualifié d’infréquentable. Une présentation assurée par les élèves à l’ensemble du collège est également prévue à l’issue de l’atelier.

Dans les interstices de ces exercices sur carte, des prises de parole ont lieu. Elles constituent les moments clefs de l’atelier. Conduits par l’enseignant, les échanges ont d’abord porté sur la définition du genre. Difficile question, notion récente pour laquelle peu de représentations existent encore. Des exemples simples de la vie courante permettent alors d’illustrer le propos. Par le questionnement de l’enseignant, les élèves portent progressivement leurs interrogations sur l’espace de la cour de récréation, largement occupée par les activités de foot, donc … par les garçons. A ce moment du débat qui s’engage, les garçons prennent davantage la parole, argumentent l’évidence d’une non-mixité par le fait que « les filles ne jouent pas au foot ». La déléguée de classe, jeune fille mature et affirmée tient tête. L’enseignant orchestre les prises de parole qui se font à main levée, chacun.e son tour. Peu à peu d’autres voix se font entendre, les filles parlent à leur tour. Jusqu’à cette question si peu naïve lancée par l’une d’elle « pourquoi est-il normal que l’espace de la cour soit plus occupé par les garçons ? ». A la suite de cette séance, des idées de prolongements annexes du travail en cours fusent : au sujet de l’occupation de l’espace de la cour de récréation, un sondage pour les filles et pour les garçons va être proposé par les délégués de classe à l’ensemble des collégiens ; en complément un sondage « adulte » sera également élaboré.

Le travail est en cours, il fait apparaître que l’émergence de ces notions - relativement récentes en France - et les prises de conscience sont sans doute dynamisées par la densité de l’actualité. Questionner la place de chacun.e dans l’espace (public ou privé) s’élabore sans doute à partir de l’espace que l’on donne à la parole, il en est un préalable. Un sujet central, passionnant, urgent, qui s’inscrit ici dans le plan égalité femme homme engagé par le département (2019-2021).

extrait d’une séance enregistrée dans le cadre du club radio du collège

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